mardi 9 avril 2013

APPEL RENCONTRES



1ères RENCONTRES INTERNATIONALES AFRODIASPORIQUES :
AMÉRIQUE-CARAÏBES-EUROPE-AFRIQUE.
POUR UNE ÉTUDE DES RÉALITÉS TRANSVERSALES AFRO-LATINES




1.     CONSTAT GENERAL


La majorité des événements scientifiques en sciences sociales interrogeant les réalités afro-latino monopolisent un type de discours et des espaces qui neutralisent les échanges entre chercheurs spécialisés et public non académique. Or, cette neutralisation est issue d’une vision dominante et hiérarchisante de la connaissance scientifique qui dévalorise toute autre forme de connaissance. Cette opposition largement intériorisée entre connaissance académique, scientifique dans le contexte particulier afro-latino n’aide pas à la compréhension, aux formes de résistances et d’inventions des sujets afro-latino qui sont réduits au rang d’ « objets d’études ». Quelques-uns des exemples de cette situation résident dans l’absence d’inclusion des populations afro-latino-américaines dans les débats autour de réalités qu’ils vivent souvent plus que les chercheurs eux-mêmes, l’asymétrie des discours scientifiques en comparaison avec les visions non académiques. Aussi, les formats de rencontres scientifiques sont invariablement organisés sur les expositions individualisées de chercheurs cantonnés dans leur domaine de connaissance et qui ne discutent pas avec d’autres secteurs de connaissance (qui ne soient pas issus du monde académique traditionnaliste et excluant : l’agriculture, la cosmétique, la musique, la danse…).


Un autre constat est celui lié à l’évacuation des rôles socio-culturels et socio-historiques des rives africaines. Cette évacuation des rives africaines complexifie la compréhension du large partage transversal d’inflexions socio-culturelles dans l’afro-diaspora. Aussi, une bonne partie de l’anthropologie afro-latino ne mène pas ce travail décisif de prendre en compte les rôles, usages des Afriques dans la construction de l’Afro-latino-américanité (ne serait-ce que les dialogues avec des chercheurs, intellectuels, musiciens africains). La formation et la compréhension  de cette afro-latino-américanité relève d’une perspective transatlantique ouverte et non d’un néo-colonialisme intellectuel très à la mode selon une perspective européenne chargée d’axiologie coloniale. Aussi, partant de ces constats sur les manières de construire des connaissances dans les contextes afro-latino dans des espaces centralisés et « intellectualisés », nous nous proposons de tenter des  “Rencontres” plus ouvertes, pertinentes, innovantes à la fois pour des chercheurs intéressés par la thématique de recherches afro-diasporiques, que par des personnes extérieurs aux chemins balisés du champ académique.





2. OBJECTIFS


POUR UN MEILLEUR ECHANGE DE CONNAISSANCES

CHERCHEUR/NON CHERCHEUR: plusieurs fois les rencontres dites scientifiques sont l’œuvre de l’unique dialogue, pour ne pas dire l’absence de dialogue entre les scientifiques présents et participants, excluant de fait les personnes non issues des mondes académiques et scientifiques. Notre idée est de donner un espace à des personnes non issues des mondes académiques et scientifiques classiques, mais qui possèdent des connaissances directes des vécus ruraux et urbains que l’on prétend décrire et analyser dans les sciences sociales. Par exemple, parlant des pratiques culinaires, ne pourrait-on pas envisager la pertinence des connaissances d’une cuisinière « afro »  dans la compréhension des formes culinaires « afro » ? De même un musicien « afro » ne pourrait-il pas nous faire partager ses connaissances intimes des musiques populaires de sa culture ?


UN VERITABLE CROISEMENT INTER-DISCIPLINAIRE : tous les chercheurs ont été formés par et dans une discipline, or l’on sait qu’une discipline… discipline justement, c’est qu’elle surdétermine une vision des réalités en fonction des orientations du champ d’études. Cette (dé)formation nous limite à être ouvert à d’autres manières de comprendre les processus. L’idée principale est de « soumettre » un thème à de multiples analyses venant de différentes disciplines, d’abord de discipline à discipline, ensuite en tentant de construire une analyse véritablement partagée et ainsi seulement l’on pourrait parler de véritable croisement interdisciplinaire.


UNE INTER-CONNAISSANCE DES REALITES « AFRO » : nous notons une certaine micro-localisation des études afro-latino : une certaine tendance à s’inscrire uniquement dans une analyse locale des réalités afro. Cette perspective tend à neutraliser les transversalités sociales et culturelles partagées entre les différentes sociétés afro-latino. Cette neutralisation montre en apparence que les sociétés afro-latino n’ont rien en commun. En revanche, si l’on tente une perspective plus ample et un effort de compréhension afro-diasporique, l’on se rend compte que ces sociétés ne sont pas si déconnectées. Ainsi, que dire des larges partages des espaces musiques-danses-oralités ? des pratiques axiologiques coloniales socio-raciales ? des pratiques des catholicismes ruraux performés ? des mémoires des origines ? Dès lors l’interconnaissance de ces transversalités requiert des espaces d’échanges dans lesquels l’on pourrait mettre en lien les différentes situations afro-latino. Cette perspective développerait ainsi une vision triangulaire entre les côtes américaines, européennes et surtout africaines. En effet, très souvent l’on parle de cultures « afro » sans prendre en compte les répertoires culturels africains. Cette perspective suppose dès lors que les chercheurs des différentes côtes puissent trouver un espace pour construire ensemble une connaissance des mondes afro-latino.


SUIVI DES RENCONTRES dans le meilleur des cas certaines rencontres scientifiques donnent lieu à des publications qui reprennent les différentes communications. Mais dans la majorité des cas beaucoup de rencontres scientifiques ne gardent pas de traces des travaux. Il est donc nécessaire de proposer un suivi et une diffusion des travaux. Ces Rencontres seront l’occasion de fixer un cadre clair de suivi pluriannuel des avancées des travaux effectués à partir des conclusions de ces « Rencontres » pour se rendre compte des avancées de nos réflexions. Ainsi, nous pourrions faire un bilan sur les avancées du travail effectué. Pour la diffusion des travaux, étant donné que  les modes de publications sont assez coûteux , il est possible de recourir à Internet en créant un site web ou blog dédié à une diffusion des travaux.



 3.THEMES DE DIALOGUE


Pour mener à bien nos objectifs, nous avons considéré une liste de thèmes pertinents qui pourront dynamiser des échanges et partager des visions des mondes afro-diasporiques. Cette liste de thèmes inédits tant par le contenu que la forme ouvre des types de connaissances concrètes pour chacun avec le souci d’une consolidation des savoirs locaux et d’une recherche en « actes ». Pour tous ces thèmes, nous aurons besoin de texte rédigé argumenté (maximum une dizaine de pages), ou support vidéo pour les thèmes liés aux savoirs locaux disponibles avant les Rencontres. Nous insistons sur le caractère original, novateur de rendre compte des réalités afro-latines.


3.1.HISTOIRES TRANSATLANTIQUES : il s’agit de partager et d’insister sur les larges histoires de résistances depuis les côtes africaines dans les trajectoires transatlantiques et afro-latines, de comprendre, de décrire, les « kilombos » dans les Amériques Latines (précurseurs des Indépendances des Amériques Latines). Cette thématique soulèvera la densité socio-historique des mouvements de résistances aux colonialités sur les côtes afro-latines et africaines.


3.2.MUSIQUES-DANSES AFRO-DIASPORIQUES: il s’agira d’analyser et de comprendre certaines pratiques musicales (tant depuis les instruments musicaux jusqu’aux performances corporelles) présentes dans la diaspora afro-latine. Ce thème se veut une ouverture entre chercheurs afro-latino, européens, africains et des musiciens professionnels. Il constituerait un espace fort entre anthropologues, sociologues et musiciens. La musique allant avec la danse, l’on insistera sur l’ensemble des pratiques de danses partagées dans divers contextes afro-latinos avec l’expérience intime de danseurs afro-latino, ou danseurs africains, ou européens. L’on peut utiliser des supports vidéo ou des pratiques directes pour mieux exprimer cette recherche en actes.


3.3.CONTES, ORALITES AFRO-DIASPORIQUES : dans plusieurs sociétés afro-latines, les usages des oralités ont une portée sociale efficace : entre mémoires et poétiques, les contes par exemple expriment une vision particulière du monde. Aussi dans cet espace, l’on pourrait discuter le partage ou non de certains contes, de certaines figures mythiques, d’imaginaires entre côtes afro-latines, africaines et européennes. Il serait donc ouvert à des travaux particuliers sur des pratiques orales dans certains contextes afro-latinos et à des poètes ou « déclameurs » de vers rimés.


3.4.AGRICULTURE: les savoirs locaux expriment une certaine connaissance intime socio-culturelle, et beaucoup de contextes afro-latinos sont ruraux et relèvent d’une économie rurale d’autoproduction caractérisée par certaines techniques d’agriculture. Cette thématique serait l’occasion de comparer les manières de cultiver, d’aliments, d’organisation de cultures, de gestion des temporalités au sein de contextes afro-latinos. Aussi, il serait opportun de présenter une forme d’agriculture transversale aux contextes afro-latinos et une concrétisation des types de cultures par un support vidéo par exemple. Cet espace est ouvert à toute personne ayant une expérience directe avec ces aspects d’agriculture afro ou à des experts en agronomie.


3.5.CUISINES: la cuisine et la nourriture constituent des domaines que la recherche en sciences sociales académiques oppose souvent à d’autres modalités de connaissances. Or, cuisiner n’engage-t-il pas des savoirs particuliers socio-culturels décisifs puisque nourrissant les Hommes ? Dans cette thématique, nous envisageons un dialogue sur les manières de cuisiner, d’utiliser des ingrédients, des aliments dans les contextes afro-latinos. Il s’agirait d’un moment d’apprentissage, de goûter, et de faire des plats afro-latinos et d’en comparer avec d’autres plats. Cet espace est ouvert à toutes personnes ayant une connaissance des manières de cuisiner, hors du monde académique spécialisé.


3.6.COSMETIQUES : dans plusieurs contextes afro-latinos, il existe des savoirs locaux pour l’entretien des corps (cheveux crépus, peaux obscures, noires, métisses…). Dans cette thématique très ouverte, nous pourrions dialoguer avec les répertoires d’usage de certains produits naturels locaux dans les sociétés afro-latines pour protéger les cheveux, la peau…Cette réflexion peut nous servir à comparer avec d’autres savoirs locaux africains. Ce dialogue peut s’établir avec des personnes travaillant dans le cosmétique, avec des personnes sachant tresser les cheveux,  avec des militants engagés dans la récupération de ces savoirs souvent intimes et locaux, ou avec des dermatologues ou des nutritionnistes. Aussi, toujours dans le souci d’une recherche concrète et en actes, des essais de crèmes, ou tresses seront effectués sur les participants.


Cette liste de thèmes n’est pas bien sûr exhaustive, d’autres thèmes seront abordés en fonction des propositions des différent(e)s participant(e)s. On peut signaler l’ethnolinguistique, la littérature, le cinéma, la religion, l’ethnobotanique…




 4.MODALITES PRATIQUES


ESPRIT GENERAL : Nous proposons des Rencontres moins hiérarchisées entre chercheurs, entre chercheurs et non académiques, afin d’éviter une institution monopolisatrice avec des étudiants servant le café, ou des banquets très aristocratiques et des dîners « style Hollywood ». Il convient de penser ces Rencontres comme une organisation collective avec une répartition du pouvoir entre tous les participants pour que tout le monde s’implique dans ce qu’il sait faire ou ce qu’il veut apprendre à faire : nous sommes tous capables de diriger des ateliers, de plier des chaises, de peler des pommes de terre…


En outre, il convient de penser ces Rencontres comme étant un espace en construction et à partir desquelles il en ressortira quelque chose : un point de départ de réflexion ouverte et critique et non pas penser y assister pour s’écouter parler et s’en aller. Aussi très clairement, les manières d’ego starisé de beaucoup de chercheurs ne seront pas les bienvenues. La participation à ces Rencontres doit se faire sur une base claire de partage et de construction d’un début de réflexion novateur, critique et large : il s’agit d’un autre rapport aux connaissances.



ORGANISATION STRUCTURELLE DES RENCONTRES :

DUREE Ces rencontres vont s'étaler sur une semaine ( 28 Octobre au 1er Novembre 2013) , ce qui nous paraît le temps nécessaire pour réellement débattre, échanger, discuter, se disputer, s’apprécier, tomber amoureux dialectiquement (ou autre…), projeter et construire

STRUCTURE : Ces rencontres auront lieu au sein de l'Université Unipacifico à Buenaventura qui co-organise l'événement. Nous organiserons les plénières le matin, les ateliers l’après-midi avec un bref bilan des activités de la journée. Les séances de travail devront terminer en début de soirée (au plus tard 19H), avec possibilités de sorties ou pas durant les soirées. Nous organiserons une assemblée de clôture chargée de poser les suivis des travaux, et les perspectives pour les prochaines Rencontres.



PEDAGOGIE: Ce point fait référence au mode de partage des connaissances, les exposants devront éviter à tout prix la lecture de leurs textes, et privilégier des interactions avec les participants. Cette option serait facilitée si les textes sont connus en avance et disponibles dans les délais permettant à chacun d’avoir une vision déjà des orientations et analyses, les exposants auront dès lors quinze minutes pour revenir sur certaines de leurs propositions, et ouvrir le débat ou les interrogations. Cette approche nous fait gagner du temps car elle permet à l’exposant de rester sur sa base fondamentale et de rebondir avec les questions des débats.


LIEU: Buenaventura, Colombie


LOGEMENT : En lien avec les co-organisateurs de l'Université Unipacifico de Buenaventura, une liste de logements hôteliers sur place pas très chers sera communiquée aux différents participants.


LANGUES DE COMMUNICATION : L’anglais, le français, le portugais et l’espagnol seront les langues d’échanges. Nous solliciterons sur place des traducteurs, la tâche paraît complexe mais pas impossible. Les travaux seront digitalisés dans les mêmes langues si possible.


MOYENS DE PRODUCTION : création d’un site web ou d’un blog pour ces Rencontres, compiler les propositions, mettre en ligne les exposés numérisés et les supports vidéos, suivre les post-Rencontres, mettre en place des lieux de débats (plateformes de discussion), éditer les textes.


INSTITUTIONS PARTICIPANTES: Université Unipacifico de Buenaventura, Université Omar Bongo de Libreville, Université Paris Ouest la Défense

DATES PRATIQUES :

Délai d’envoi des propositions de travail : 15 Juillet 2013

Délai de réponse pour acceptation ou non : 31 Aout 2013

Délai envoi des pré-textes: 30 Septembre 2013



Déroulement : 28 Octobre au 1er Novembre 2013, Buenaventura, Colombie

TEXTES A ENVOYER A : kilombo2013@gmail.com
1 page maximum

APPEL LANCE PAR LE CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES AFRO-IBERO-AMERICAINES ( CERAFIA), UNIVERSITÉ OMAR BONGO LIBREVILLE (GABON). EN COLLABORATION AVEC L’UNIVERSITÉ UNIPACIFICO DE BUENAVENTURA EN COLOMBIE. 


Comité organisateur scientifique:

Paul Raoul Mvengou Cruzmerino (Doctorant, Université de Lyon 2, France, Membre du CERAFIA)
Sébastien Lefèvre (Doctorant , Université de Paris X, France, Miembro del CERAFIA)
Nicolas Ngou-Mve (Professeur Université Omar Bongo Libreville, Directeur-Fondateur du CERAFIA)
Carlos Palacios Sinisterra , Docente Programa de Sociología. ( Unipacifico, Buenaventura, Colombia)
 César Orobio, Director Programa de Sociología. ( Unipacifico, Buenaventura, Colombia)
 Lucy Mar bolanos, Directora Del centro De estudios Pedagógicos Avanzados (CEPA).

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