1ères
RENCONTRES INTERNATIONALES
AFRODIASPORIQUES :
AMÉRIQUE-CARAÏBES-EUROPE-AFRIQUE.
POUR
UNE ÉTUDE DES RÉALITÉS TRANSVERSALES AFRO-LATINES
1. CONSTAT
GENERAL
La
majorité des événements scientifiques en sciences sociales
interrogeant les réalités afro-latino monopolisent un type de
discours et des espaces qui neutralisent les échanges entre
chercheurs spécialisés et public non académique. Or, cette
neutralisation est issue d’une vision dominante et hiérarchisante
de la connaissance scientifique qui dévalorise toute autre forme de
connaissance. Cette opposition largement intériorisée entre
connaissance académique, scientifique dans le contexte particulier
afro-latino n’aide pas à la compréhension, aux formes de
résistances et d’inventions des sujets afro-latino qui sont
réduits au rang d’ « objets d’études ».
Quelques-uns des exemples de cette situation résident dans l’absence
d’inclusion des populations afro-latino-américaines dans les
débats autour de réalités qu’ils vivent souvent plus que les
chercheurs eux-mêmes, l’asymétrie des discours scientifiques en
comparaison avec les visions non académiques. Aussi, les formats de
rencontres scientifiques sont invariablement organisés sur les
expositions individualisées de chercheurs cantonnés dans leur
domaine de connaissance et qui ne discutent pas avec d’autres
secteurs de connaissance (qui ne soient pas issus du monde académique
traditionnaliste et excluant : l’agriculture, la cosmétique,
la musique, la danse…).
Un
autre constat est celui lié à l’évacuation des rôles
socio-culturels et socio-historiques des rives africaines. Cette
évacuation des rives africaines complexifie la compréhension du
large partage transversal d’inflexions socio-culturelles dans
l’afro-diaspora. Aussi, une bonne partie de l’anthropologie
afro-latino ne mène pas ce travail décisif de prendre en compte les
rôles, usages des Afriques dans la construction de
l’Afro-latino-américanité (ne serait-ce que les dialogues avec
des chercheurs, intellectuels, musiciens africains). La formation et
la compréhension de cette afro-latino-américanité relève
d’une perspective transatlantique ouverte et non d’un
néo-colonialisme intellectuel très à la mode selon une perspective
européenne chargée d’axiologie coloniale. Aussi, partant de ces
constats sur les manières de construire des connaissances dans les
contextes afro-latino dans des espaces centralisés et
« intellectualisés », nous nous proposons de tenter des
“Rencontres” plus ouvertes, pertinentes, innovantes à la
fois pour des chercheurs intéressés par la thématique de
recherches afro-diasporiques, que par des personnes extérieurs aux
chemins balisés du champ académique.
2.
OBJECTIFS
POUR
UN MEILLEUR ECHANGE DE CONNAISSANCES
CHERCHEUR/NON
CHERCHEUR: plusieurs fois les rencontres
dites scientifiques sont l’œuvre de l’unique dialogue, pour
ne pas dire l’absence de dialogue entre les scientifiques
présents et participants, excluant de fait les personnes non issues
des mondes académiques et scientifiques. Notre idée est de donner
un espace à des personnes non issues des mondes académiques et
scientifiques classiques, mais qui possèdent des connaissances
directes des vécus ruraux et urbains que l’on prétend décrire et
analyser dans les sciences sociales. Par exemple, parlant des
pratiques culinaires, ne pourrait-on pas envisager la pertinence des
connaissances d’une cuisinière « afro » dans la
compréhension des formes culinaires « afro » ? De
même un musicien « afro » ne pourrait-il pas nous faire
partager ses connaissances intimes des musiques populaires de sa
culture ?
UN
VERITABLE CROISEMENT INTER-DISCIPLINAIRE :
tous les chercheurs ont été formés par et dans une discipline, or
l’on sait qu’une discipline… discipline justement, c’est
qu’elle surdétermine une vision des réalités en fonction des
orientations du champ d’études. Cette (dé)formation nous limite à
être ouvert à d’autres manières de comprendre les processus.
L’idée principale est de « soumettre » un thème à de
multiples analyses venant de différentes disciplines, d’abord de
discipline à discipline, ensuite en tentant de construire une
analyse véritablement partagée et ainsi seulement l’on pourrait
parler de véritable croisement interdisciplinaire.
UNE
INTER-CONNAISSANCE DES REALITES « AFRO » :
nous notons une certaine micro-localisation des études afro-latino :
une certaine tendance à s’inscrire uniquement dans une analyse
locale des réalités afro. Cette perspective tend à neutraliser les
transversalités sociales et culturelles partagées entre les
différentes sociétés afro-latino. Cette neutralisation montre en
apparence que les sociétés afro-latino n’ont rien en commun. En
revanche, si l’on tente une perspective plus ample et un effort de
compréhension afro-diasporique, l’on se rend compte que ces
sociétés ne sont pas si déconnectées. Ainsi, que dire des larges
partages des espaces musiques-danses-oralités ? des pratiques
axiologiques coloniales socio-raciales ? des pratiques des
catholicismes ruraux performés ? des mémoires des origines ?
Dès lors l’interconnaissance de ces transversalités requiert des
espaces d’échanges dans lesquels l’on pourrait mettre en lien
les différentes situations afro-latino. Cette perspective
développerait ainsi une vision triangulaire entre les côtes
américaines, européennes et surtout africaines. En effet, très
souvent l’on parle de cultures « afro » sans prendre en
compte les répertoires culturels africains. Cette perspective
suppose dès lors que les chercheurs des différentes côtes puissent
trouver un espace pour construire ensemble une connaissance des
mondes afro-latino.
SUIVI
DES RENCONTRES : dans
le meilleur des cas certaines rencontres scientifiques donnent lieu à
des publications qui reprennent les différentes communications. Mais
dans la majorité des cas beaucoup de rencontres scientifiques ne
gardent pas de traces des travaux. Il est donc nécessaire de
proposer un suivi et une diffusion des travaux. Ces Rencontres seront
l’occasion de fixer un cadre clair de suivi pluriannuel des
avancées des travaux effectués à partir des conclusions de ces
« Rencontres » pour se rendre compte des avancées de nos
réflexions. Ainsi, nous pourrions faire un bilan sur les avancées
du travail effectué. Pour la diffusion des travaux, étant donné
que les modes de publications sont assez coûteux , il est
possible de recourir à Internet en créant un site web ou blog dédié
à une diffusion des travaux.
3.THEMES
DE DIALOGUE
Pour
mener à bien nos objectifs, nous avons considéré une liste de
thèmes pertinents qui pourront dynamiser des échanges et partager
des visions des mondes afro-diasporiques. Cette liste de thèmes
inédits tant par le contenu que la forme ouvre des types de
connaissances concrètes pour chacun avec le souci d’une
consolidation des savoirs locaux et d’une recherche en « actes ».
Pour tous ces thèmes, nous aurons besoin de texte rédigé argumenté
(maximum une dizaine de pages), ou support vidéo pour les thèmes
liés aux savoirs locaux disponibles avant les Rencontres. Nous
insistons sur le caractère original, novateur de rendre compte des
réalités afro-latines.
3.1.HISTOIRES
TRANSATLANTIQUES : il
s’agit de partager et d’insister sur les larges histoires de
résistances depuis les côtes africaines dans les trajectoires
transatlantiques et afro-latines, de comprendre, de décrire, les
« kilombos » dans les Amériques Latines (précurseurs
des Indépendances des Amériques Latines). Cette thématique
soulèvera la densité socio-historique des mouvements de résistances
aux colonialités sur les côtes afro-latines et africaines.
3.2.MUSIQUES-DANSES
AFRO-DIASPORIQUES: il
s’agira d’analyser et de comprendre certaines pratiques musicales
(tant depuis les instruments musicaux jusqu’aux performances
corporelles) présentes dans la diaspora afro-latine. Ce thème se
veut une ouverture entre chercheurs afro-latino, européens,
africains et des musiciens professionnels. Il constituerait un espace
fort entre anthropologues, sociologues et musiciens. La musique
allant avec la danse, l’on insistera sur l’ensemble des pratiques
de danses partagées dans divers contextes afro-latinos avec
l’expérience intime de danseurs afro-latino, ou danseurs
africains, ou européens. L’on peut utiliser des supports vidéo ou
des pratiques directes pour mieux exprimer cette recherche en actes.
3.3.CONTES,
ORALITES AFRO-DIASPORIQUES : dans
plusieurs sociétés afro-latines, les usages des oralités ont une
portée sociale efficace : entre mémoires et poétiques, les
contes par exemple expriment une vision particulière du monde. Aussi
dans cet espace, l’on pourrait discuter le partage ou non de
certains contes, de certaines figures mythiques, d’imaginaires
entre côtes afro-latines, africaines et européennes. Il serait donc
ouvert à des travaux particuliers sur des pratiques orales dans
certains contextes afro-latinos et à des poètes ou « déclameurs »
de vers rimés.
3.4.AGRICULTURE: les
savoirs locaux expriment une certaine connaissance intime
socio-culturelle, et beaucoup de contextes afro-latinos sont ruraux
et relèvent d’une économie rurale d’autoproduction caractérisée
par certaines techniques d’agriculture. Cette thématique serait
l’occasion de comparer les manières de cultiver, d’aliments,
d’organisation de cultures, de gestion des temporalités au sein de
contextes afro-latinos. Aussi, il serait opportun de présenter une
forme d’agriculture transversale aux contextes afro-latinos et une
concrétisation des types de cultures par un support vidéo par
exemple. Cet espace est ouvert à toute personne ayant une expérience
directe avec ces aspects d’agriculture afro ou à des experts en
agronomie.
3.5.CUISINES: la
cuisine et la nourriture constituent des domaines que la recherche en
sciences sociales académiques oppose souvent à d’autres modalités
de connaissances. Or, cuisiner n’engage-t-il pas des savoirs
particuliers socio-culturels décisifs puisque nourrissant les
Hommes ? Dans cette thématique, nous envisageons un dialogue
sur les manières de cuisiner, d’utiliser des ingrédients, des
aliments dans les contextes afro-latinos. Il s’agirait d’un
moment d’apprentissage, de goûter, et de faire des plats
afro-latinos et d’en comparer avec d’autres plats. Cet espace est
ouvert à toutes personnes ayant une connaissance des manières de
cuisiner, hors du monde académique spécialisé.
3.6.COSMETIQUES : dans
plusieurs contextes afro-latinos, il existe des savoirs locaux pour
l’entretien des corps (cheveux crépus, peaux obscures, noires,
métisses…). Dans cette thématique très ouverte, nous pourrions
dialoguer avec les répertoires d’usage de certains produits
naturels locaux dans les sociétés afro-latines pour protéger les
cheveux, la peau…Cette réflexion peut nous servir à comparer avec
d’autres savoirs locaux africains. Ce dialogue peut s’établir
avec des personnes travaillant dans le cosmétique, avec des
personnes sachant tresser les cheveux, avec des militants
engagés dans la récupération de ces savoirs souvent intimes et
locaux, ou avec des dermatologues ou des nutritionnistes. Aussi,
toujours dans le souci d’une recherche concrète et en actes, des
essais de crèmes, ou tresses seront effectués sur les participants.
Cette
liste de thèmes n’est pas bien sûr exhaustive, d’autres
thèmes seront abordés en fonction des propositions des
différent(e)s participant(e)s. On peut signaler l’ethnolinguistique,
la littérature, le cinéma, la religion, l’ethnobotanique…
4.MODALITES
PRATIQUES
ESPRIT
GENERAL : Nous
proposons des Rencontres moins hiérarchisées entre chercheurs,
entre chercheurs et non académiques, afin d’éviter une
institution monopolisatrice avec des étudiants servant le café, ou
des banquets très aristocratiques et des dîners « style
Hollywood ». Il convient de penser ces Rencontres comme une
organisation collective avec une répartition du pouvoir entre tous
les participants pour que tout le monde s’implique dans ce qu’il
sait faire ou ce qu’il veut apprendre à faire : nous sommes
tous capables de diriger des ateliers, de plier des chaises, de peler
des pommes de terre…
En
outre, il convient de penser ces Rencontres comme étant un
espace en construction et à partir desquelles il en ressortira
quelque chose : un point de départ de réflexion ouverte et
critique et non pas penser y assister pour s’écouter parler et
s’en aller. Aussi très clairement, les manières d’ego starisé
de beaucoup de chercheurs ne seront pas les bienvenues. La
participation à ces Rencontres doit se faire sur une base claire de
partage et de construction d’un début de réflexion novateur,
critique et large : il s’agit d’un autre rapport aux
connaissances.
ORGANISATION
STRUCTURELLE DES RENCONTRES :
DUREE : Ces
rencontres vont s'étaler sur une semaine ( 28 Octobre au
1er Novembre 2013) , ce qui nous paraît le temps nécessaire
pour réellement débattre, échanger, discuter, se disputer,
s’apprécier, tomber amoureux dialectiquement (ou autre…),
projeter et construire
STRUCTURE : Ces
rencontres auront lieu au sein de l'Université Unipacifico à
Buenaventura qui co-organise l'événement. Nous organiserons
les plénières le matin, les ateliers l’après-midi avec un bref
bilan des activités de la journée. Les séances de travail devront
terminer en début de soirée (au plus tard 19H), avec possibilités
de sorties ou pas durant les soirées. Nous organiserons une
assemblée de clôture chargée de poser les suivis des travaux, et
les perspectives pour les prochaines Rencontres.
PEDAGOGIE:
Ce point fait référence au mode de partage des connaissances, les
exposants devront éviter à tout prix la lecture de leurs textes, et
privilégier des interactions avec les participants. Cette option
serait facilitée si les textes sont connus en avance et disponibles
dans les délais permettant à chacun d’avoir une vision déjà des
orientations et analyses, les exposants auront dès lors quinze
minutes pour revenir sur certaines de leurs propositions, et ouvrir
le débat ou les interrogations. Cette approche nous fait gagner du
temps car elle permet à l’exposant de rester sur sa base
fondamentale et de rebondir avec les questions des débats.
LIEU:
Buenaventura, Colombie
LOGEMENT : En
lien avec les co-organisateurs de l'Université Unipacifico de
Buenaventura, une liste de logements hôteliers sur place pas très
chers sera communiquée aux différents participants.
LANGUES
DE COMMUNICATION : L’anglais, le
français, le portugais et l’espagnol seront les langues
d’échanges. Nous solliciterons sur place des traducteurs, la tâche
paraît complexe mais pas impossible. Les travaux seront digitalisés
dans les mêmes langues si possible.
MOYENS
DE PRODUCTION : création d’un site
web ou d’un blog pour ces Rencontres, compiler les propositions,
mettre en ligne les exposés numérisés et les supports vidéos,
suivre les post-Rencontres, mettre en place des lieux de débats
(plateformes de discussion), éditer les textes.
INSTITUTIONS
PARTICIPANTES: Université Unipacifico
de Buenaventura, Université Omar Bongo de Libreville, Université
Paris Ouest la Défense
DATES
PRATIQUES :
Délai
d’envoi des propositions de travail : 15 Juillet 2013
Délai
de réponse pour acceptation ou non : 31 Aout 2013
Délai
envoi des pré-textes: 30 Septembre 2013
Déroulement :
28 Octobre au 1er Novembre 2013, Buenaventura,
Colombie
TEXTES A ENVOYER A : kilombo2013@gmail.com
1 page maximum
APPEL
LANCE PAR LE CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES AFRO-IBERO-AMERICAINES
( CERAFIA), UNIVERSITÉ OMAR BONGO LIBREVILLE (GABON). EN
COLLABORATION AVEC L’UNIVERSITÉ UNIPACIFICO DE
BUENAVENTURA EN COLOMBIE.
Comité organisateur scientifique:
Paul
Raoul Mvengou Cruzmerino (Doctorant, Université de Lyon 2,
France, Membre du CERAFIA)
Sébastien
Lefèvre (Doctorant , Université de Paris X, France,
Miembro del CERAFIA)
Nicolas
Ngou-Mve (Professeur Université Omar Bongo Libreville,
Directeur-Fondateur du CERAFIA)
Carlos
Palacios Sinisterra , Docente Programa de Sociología. (
Unipacifico, Buenaventura, Colombia)
César
Orobio,
Director Programa de Sociología. ( Unipacifico, Buenaventura,
Colombia)
Lucy
Mar bolanos,
Directora Del centro De estudios Pedagógicos Avanzados (CEPA).
1ères
RENCONTRES INTERNATIONALES
AFRODIASPORIQUES :
AMÉRIQUE-CARAÏBES-EUROPE-AFRIQUE.
POUR
UNE ÉTUDE DES RÉALITÉS TRANSVERSALES AFRO-LATINES
1. CONSTAT
GENERAL
La
majorité des événements scientifiques en sciences sociales
interrogeant les réalités afro-latino monopolisent un type de
discours et des espaces qui neutralisent les échanges entre
chercheurs spécialisés et public non académique. Or, cette
neutralisation est issue d’une vision dominante et hiérarchisante
de la connaissance scientifique qui dévalorise toute autre forme de
connaissance. Cette opposition largement intériorisée entre
connaissance académique, scientifique dans le contexte particulier
afro-latino n’aide pas à la compréhension, aux formes de
résistances et d’inventions des sujets afro-latino qui sont
réduits au rang d’ « objets d’études ».
Quelques-uns des exemples de cette situation résident dans l’absence
d’inclusion des populations afro-latino-américaines dans les
débats autour de réalités qu’ils vivent souvent plus que les
chercheurs eux-mêmes, l’asymétrie des discours scientifiques en
comparaison avec les visions non académiques. Aussi, les formats de
rencontres scientifiques sont invariablement organisés sur les
expositions individualisées de chercheurs cantonnés dans leur
domaine de connaissance et qui ne discutent pas avec d’autres
secteurs de connaissance (qui ne soient pas issus du monde académique
traditionnaliste et excluant : l’agriculture, la cosmétique,
la musique, la danse…).
Un
autre constat est celui lié à l’évacuation des rôles
socio-culturels et socio-historiques des rives africaines. Cette
évacuation des rives africaines complexifie la compréhension du
large partage transversal d’inflexions socio-culturelles dans
l’afro-diaspora. Aussi, une bonne partie de l’anthropologie
afro-latino ne mène pas ce travail décisif de prendre en compte les
rôles, usages des Afriques dans la construction de
l’Afro-latino-américanité (ne serait-ce que les dialogues avec
des chercheurs, intellectuels, musiciens africains). La formation et
la compréhension de cette afro-latino-américanité relève
d’une perspective transatlantique ouverte et non d’un
néo-colonialisme intellectuel très à la mode selon une perspective
européenne chargée d’axiologie coloniale. Aussi, partant de ces
constats sur les manières de construire des connaissances dans les
contextes afro-latino dans des espaces centralisés et
« intellectualisés », nous nous proposons de tenter des
“Rencontres” plus ouvertes, pertinentes, innovantes à la
fois pour des chercheurs intéressés par la thématique de
recherches afro-diasporiques, que par des personnes extérieurs aux
chemins balisés du champ académique.
2.
OBJECTIFS
POUR
UN MEILLEUR ECHANGE DE CONNAISSANCES
CHERCHEUR/NON
CHERCHEUR: plusieurs fois les rencontres
dites scientifiques sont l’œuvre de l’unique dialogue, pour
ne pas dire l’absence de dialogue entre les scientifiques
présents et participants, excluant de fait les personnes non issues
des mondes académiques et scientifiques. Notre idée est de donner
un espace à des personnes non issues des mondes académiques et
scientifiques classiques, mais qui possèdent des connaissances
directes des vécus ruraux et urbains que l’on prétend décrire et
analyser dans les sciences sociales. Par exemple, parlant des
pratiques culinaires, ne pourrait-on pas envisager la pertinence des
connaissances d’une cuisinière « afro » dans la
compréhension des formes culinaires « afro » ? De
même un musicien « afro » ne pourrait-il pas nous faire
partager ses connaissances intimes des musiques populaires de sa
culture ?
UN
VERITABLE CROISEMENT INTER-DISCIPLINAIRE :
tous les chercheurs ont été formés par et dans une discipline, or
l’on sait qu’une discipline… discipline justement, c’est
qu’elle surdétermine une vision des réalités en fonction des
orientations du champ d’études. Cette (dé)formation nous limite à
être ouvert à d’autres manières de comprendre les processus.
L’idée principale est de « soumettre » un thème à de
multiples analyses venant de différentes disciplines, d’abord de
discipline à discipline, ensuite en tentant de construire une
analyse véritablement partagée et ainsi seulement l’on pourrait
parler de véritable croisement interdisciplinaire.
UNE
INTER-CONNAISSANCE DES REALITES « AFRO » :
nous notons une certaine micro-localisation des études afro-latino :
une certaine tendance à s’inscrire uniquement dans une analyse
locale des réalités afro. Cette perspective tend à neutraliser les
transversalités sociales et culturelles partagées entre les
différentes sociétés afro-latino. Cette neutralisation montre en
apparence que les sociétés afro-latino n’ont rien en commun. En
revanche, si l’on tente une perspective plus ample et un effort de
compréhension afro-diasporique, l’on se rend compte que ces
sociétés ne sont pas si déconnectées. Ainsi, que dire des larges
partages des espaces musiques-danses-oralités ? des pratiques
axiologiques coloniales socio-raciales ? des pratiques des
catholicismes ruraux performés ? des mémoires des origines ?
Dès lors l’interconnaissance de ces transversalités requiert des
espaces d’échanges dans lesquels l’on pourrait mettre en lien
les différentes situations afro-latino. Cette perspective
développerait ainsi une vision triangulaire entre les côtes
américaines, européennes et surtout africaines. En effet, très
souvent l’on parle de cultures « afro » sans prendre en
compte les répertoires culturels africains. Cette perspective
suppose dès lors que les chercheurs des différentes côtes puissent
trouver un espace pour construire ensemble une connaissance des
mondes afro-latino.
SUIVI
DES RENCONTRES : dans
le meilleur des cas certaines rencontres scientifiques donnent lieu à
des publications qui reprennent les différentes communications. Mais
dans la majorité des cas beaucoup de rencontres scientifiques ne
gardent pas de traces des travaux. Il est donc nécessaire de
proposer un suivi et une diffusion des travaux. Ces Rencontres seront
l’occasion de fixer un cadre clair de suivi pluriannuel des
avancées des travaux effectués à partir des conclusions de ces
« Rencontres » pour se rendre compte des avancées de nos
réflexions. Ainsi, nous pourrions faire un bilan sur les avancées
du travail effectué. Pour la diffusion des travaux, étant donné
que les modes de publications sont assez coûteux , il est
possible de recourir à Internet en créant un site web ou blog dédié
à une diffusion des travaux.
3.THEMES
DE DIALOGUE
Pour
mener à bien nos objectifs, nous avons considéré une liste de
thèmes pertinents qui pourront dynamiser des échanges et partager
des visions des mondes afro-diasporiques. Cette liste de thèmes
inédits tant par le contenu que la forme ouvre des types de
connaissances concrètes pour chacun avec le souci d’une
consolidation des savoirs locaux et d’une recherche en « actes ».
Pour tous ces thèmes, nous aurons besoin de texte rédigé argumenté
(maximum une dizaine de pages), ou support vidéo pour les thèmes
liés aux savoirs locaux disponibles avant les Rencontres. Nous
insistons sur le caractère original, novateur de rendre compte des
réalités afro-latines.
3.1.HISTOIRES
TRANSATLANTIQUES : il
s’agit de partager et d’insister sur les larges histoires de
résistances depuis les côtes africaines dans les trajectoires
transatlantiques et afro-latines, de comprendre, de décrire, les
« kilombos » dans les Amériques Latines (précurseurs
des Indépendances des Amériques Latines). Cette thématique
soulèvera la densité socio-historique des mouvements de résistances
aux colonialités sur les côtes afro-latines et africaines.
3.2.MUSIQUES-DANSES
AFRO-DIASPORIQUES: il
s’agira d’analyser et de comprendre certaines pratiques musicales
(tant depuis les instruments musicaux jusqu’aux performances
corporelles) présentes dans la diaspora afro-latine. Ce thème se
veut une ouverture entre chercheurs afro-latino, européens,
africains et des musiciens professionnels. Il constituerait un espace
fort entre anthropologues, sociologues et musiciens. La musique
allant avec la danse, l’on insistera sur l’ensemble des pratiques
de danses partagées dans divers contextes afro-latinos avec
l’expérience intime de danseurs afro-latino, ou danseurs
africains, ou européens. L’on peut utiliser des supports vidéo ou
des pratiques directes pour mieux exprimer cette recherche en actes.
3.3.CONTES,
ORALITES AFRO-DIASPORIQUES : dans
plusieurs sociétés afro-latines, les usages des oralités ont une
portée sociale efficace : entre mémoires et poétiques, les
contes par exemple expriment une vision particulière du monde. Aussi
dans cet espace, l’on pourrait discuter le partage ou non de
certains contes, de certaines figures mythiques, d’imaginaires
entre côtes afro-latines, africaines et européennes. Il serait donc
ouvert à des travaux particuliers sur des pratiques orales dans
certains contextes afro-latinos et à des poètes ou « déclameurs »
de vers rimés.
3.4.AGRICULTURE: les
savoirs locaux expriment une certaine connaissance intime
socio-culturelle, et beaucoup de contextes afro-latinos sont ruraux
et relèvent d’une économie rurale d’autoproduction caractérisée
par certaines techniques d’agriculture. Cette thématique serait
l’occasion de comparer les manières de cultiver, d’aliments,
d’organisation de cultures, de gestion des temporalités au sein de
contextes afro-latinos. Aussi, il serait opportun de présenter une
forme d’agriculture transversale aux contextes afro-latinos et une
concrétisation des types de cultures par un support vidéo par
exemple. Cet espace est ouvert à toute personne ayant une expérience
directe avec ces aspects d’agriculture afro ou à des experts en
agronomie.
3.5.CUISINES: la
cuisine et la nourriture constituent des domaines que la recherche en
sciences sociales académiques oppose souvent à d’autres modalités
de connaissances. Or, cuisiner n’engage-t-il pas des savoirs
particuliers socio-culturels décisifs puisque nourrissant les
Hommes ? Dans cette thématique, nous envisageons un dialogue
sur les manières de cuisiner, d’utiliser des ingrédients, des
aliments dans les contextes afro-latinos. Il s’agirait d’un
moment d’apprentissage, de goûter, et de faire des plats
afro-latinos et d’en comparer avec d’autres plats. Cet espace est
ouvert à toutes personnes ayant une connaissance des manières de
cuisiner, hors du monde académique spécialisé.
3.6.COSMETIQUES : dans
plusieurs contextes afro-latinos, il existe des savoirs locaux pour
l’entretien des corps (cheveux crépus, peaux obscures, noires,
métisses…). Dans cette thématique très ouverte, nous pourrions
dialoguer avec les répertoires d’usage de certains produits
naturels locaux dans les sociétés afro-latines pour protéger les
cheveux, la peau…Cette réflexion peut nous servir à comparer avec
d’autres savoirs locaux africains. Ce dialogue peut s’établir
avec des personnes travaillant dans le cosmétique, avec des
personnes sachant tresser les cheveux, avec des militants
engagés dans la récupération de ces savoirs souvent intimes et
locaux, ou avec des dermatologues ou des nutritionnistes. Aussi,
toujours dans le souci d’une recherche concrète et en actes, des
essais de crèmes, ou tresses seront effectués sur les participants.
Cette
liste de thèmes n’est pas bien sûr exhaustive, d’autres
thèmes seront abordés en fonction des propositions des
différent(e)s participant(e)s. On peut signaler l’ethnolinguistique,
la littérature, le cinéma, la religion, l’ethnobotanique…
4.MODALITES
PRATIQUES
ESPRIT
GENERAL : Nous
proposons des Rencontres moins hiérarchisées entre chercheurs,
entre chercheurs et non académiques, afin d’éviter une
institution monopolisatrice avec des étudiants servant le café, ou
des banquets très aristocratiques et des dîners « style
Hollywood ». Il convient de penser ces Rencontres comme une
organisation collective avec une répartition du pouvoir entre tous
les participants pour que tout le monde s’implique dans ce qu’il
sait faire ou ce qu’il veut apprendre à faire : nous sommes
tous capables de diriger des ateliers, de plier des chaises, de peler
des pommes de terre…
En
outre, il convient de penser ces Rencontres comme étant un
espace en construction et à partir desquelles il en ressortira
quelque chose : un point de départ de réflexion ouverte et
critique et non pas penser y assister pour s’écouter parler et
s’en aller. Aussi très clairement, les manières d’ego starisé
de beaucoup de chercheurs ne seront pas les bienvenues. La
participation à ces Rencontres doit se faire sur une base claire de
partage et de construction d’un début de réflexion novateur,
critique et large : il s’agit d’un autre rapport aux
connaissances.
ORGANISATION
STRUCTURELLE DES RENCONTRES :
DUREE : Ces
rencontres vont s'étaler sur une semaine ( 28 Octobre au
1er Novembre 2013) , ce qui nous paraît le temps nécessaire
pour réellement débattre, échanger, discuter, se disputer,
s’apprécier, tomber amoureux dialectiquement (ou autre…),
projeter et construire
STRUCTURE : Ces
rencontres auront lieu au sein de l'Université Unipacifico à
Buenaventura qui co-organise l'événement. Nous organiserons
les plénières le matin, les ateliers l’après-midi avec un bref
bilan des activités de la journée. Les séances de travail devront
terminer en début de soirée (au plus tard 19H), avec possibilités
de sorties ou pas durant les soirées. Nous organiserons une
assemblée de clôture chargée de poser les suivis des travaux, et
les perspectives pour les prochaines Rencontres.
PEDAGOGIE:
Ce point fait référence au mode de partage des connaissances, les
exposants devront éviter à tout prix la lecture de leurs textes, et
privilégier des interactions avec les participants. Cette option
serait facilitée si les textes sont connus en avance et disponibles
dans les délais permettant à chacun d’avoir une vision déjà des
orientations et analyses, les exposants auront dès lors quinze
minutes pour revenir sur certaines de leurs propositions, et ouvrir
le débat ou les interrogations. Cette approche nous fait gagner du
temps car elle permet à l’exposant de rester sur sa base
fondamentale et de rebondir avec les questions des débats.
LIEU:
Buenaventura, Colombie
LOGEMENT : En
lien avec les co-organisateurs de l'Université Unipacifico de
Buenaventura, une liste de logements hôteliers sur place pas très
chers sera communiquée aux différents participants.
LANGUES
DE COMMUNICATION : L’anglais, le
français, le portugais et l’espagnol seront les langues
d’échanges. Nous solliciterons sur place des traducteurs, la tâche
paraît complexe mais pas impossible. Les travaux seront digitalisés
dans les mêmes langues si possible.
MOYENS
DE PRODUCTION : création d’un site
web ou d’un blog pour ces Rencontres, compiler les propositions,
mettre en ligne les exposés numérisés et les supports vidéos,
suivre les post-Rencontres, mettre en place des lieux de débats
(plateformes de discussion), éditer les textes.
INSTITUTIONS
PARTICIPANTES: Université Unipacifico
de Buenaventura, Université Omar Bongo de Libreville, Université
Paris Ouest la Défense
DATES
PRATIQUES :
Délai
d’envoi des propositions de travail : 15 Juillet 2013
Délai
de réponse pour acceptation ou non : 31 Aout 2013
Délai
envoi des pré-textes: 30 Septembre 2013
Déroulement :
28 Octobre au 1er Novembre 2013, Buenaventura,
Colombie
TEXTES A ENVOYER A : kilombo2013@gmail.com
1 page maximum
1 page maximum
APPEL
LANCE PAR LE CENTRE D'ETUDES ET DE RECHERCHES AFRO-IBERO-AMERICAINES
( CERAFIA), UNIVERSITÉ OMAR BONGO LIBREVILLE (GABON). EN
COLLABORATION AVEC L’UNIVERSITÉ UNIPACIFICO DE
BUENAVENTURA EN COLOMBIE.
Comité organisateur scientifique:
Paul
Raoul Mvengou Cruzmerino (Doctorant, Université de Lyon 2,
France, Membre du CERAFIA)
Sébastien
Lefèvre (Doctorant , Université de Paris X, France,
Miembro del CERAFIA)
Nicolas
Ngou-Mve (Professeur Université Omar Bongo Libreville,
Directeur-Fondateur du CERAFIA)
Carlos
Palacios Sinisterra , Docente Programa de Sociología. (
Unipacifico, Buenaventura, Colombia)
César
Orobio,
Director Programa de Sociología. ( Unipacifico, Buenaventura,
Colombia)
Lucy
Mar bolanos,
Directora Del centro De estudios Pedagógicos Avanzados (CEPA).
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